Voir ici les photos des travaux de la nef abbatiale
Les murs de la nef abbatiale subissaient les outrages du temps ce qui mettait en péril l’intégrité des restes du bâti et seule la mise en place d’une toiture pouvait assurer la sauvegarde de l’ensemble des maçonneries d’origine.
Si rien n’avait été entrepris l’effondrement de la nef aurait été inéluctable, conduisant à la ruine complète du seul vestige de l’abbatiale romane dont le chœur s’est écroulé au XIXe.
Le Ministère de la Culture en a approuvé le principe déjà envisagé en 1989 et 1992.
Après avoir réalisé en 2018 et 2021 des études structurelles puis architecturales, l’agence Aedificio en charge de la maîtrise d’œuvre a proposé un projet dans lequel la nef présenterait l’aspect d’un couvert constitué d’une charpente apparente en chêne, à faible pente, couverte en tuile canal.
Cette solution qui contourne toute volonté́ de restitution hasardeuse assure sa fonction de protection.
En effet, en l’absence d’archives, la solution offre une voûte qui s’élève à 18 m du sol, compromis entre celle supposée de l’état roman et celle de l’état gothique.
« C’est pourquoi, le présent projet propose le rétablissement d’un couvert, sans reconstruction de la voûte, ne privilégiant aucune des phases évoquées mais participant au maintien d’une lecture archéologique du monument et de ses vestiges encore présents. »
Extrait du rapport final de l’Agence Aedificio en charge de la maîtrise d’œuvre (juin 2021).
Chantier emblématique, cette réalisation évoque un des aspects primitifs de l’église abbatiale.
Le rétablissement de la toiture de la nef de l’église abbatiale du XIIe siècle a commencé en juin 2023 par la mise en place des échafaudages intérieurs et extérieurs. Un plancher horizontal d’une superficie de 221 m² a complété les échafaudages à 12m du sol sur la totalité de l’emprise de la nef afin de permettre l’intervention des différents artisans et ouvriers tout au long du chantier.
Le chantier hors échafaudages se déroule sur une année.
Maçonnerie - Pierre de taille
L’important travail de maçonnerie a consisté à reprendre les arases avec la réfection partielle des pierres du couronnement et le rejointoiement des pierres.
Le but est de protéger les murs par le haut et d’empêcher toutes les entrées d’eau dans les maçonneries par des arases étanches et des feuilles de plomb (crénelage, chemin de ronde, ébrasement des baies, appuis horizontaux des baies).
Le travail comprend aussi le comblement et le remaillage des fissures, le confortement des murs périphériques par la mise en place de coulis de chaux hydraulique naturelle afin de retrouver une cohésion et une densité suffisantes.
Les compagnons tailleurs de pierre ont installé des ateliers au pied de l’édifice afin de reproduire à l’identique les pierres manquantes, notamment les « chapeaux de gendarme », les corbeaux, claveaux, et les pierres du couronnement.
Certaines pierres d’origine ont été retrouvées dans le dépôt lapidaire où elles étaient conservées précieusement, permettant leur remploi avec nettoyage, ou ont pu servir de modèles.
Le travail des maçons a dû être précédé par la dévégétalisation des arases* et des rampants* car des arbres les avaient envahis.
La végétation peut accélérer la détérioration d’un mur de maçonnerie sur lequel des fissures ont déjà fait leur apparition. Lorsque ce genre de problème de fissuration est présent sur les arases, la végétation ainsi que les eaux pluviales, s’infiltrent à l’intérieur des fissures et les amplifient en y prenant appui.
*Arase : Niveau supérieur d'un ouvrage de maçonnerie servant de base pour la suite de la construction.
* Rampant : Élément incliné et disposé de manière à offrir une pente, ici les rampants des pignons.
Couverture et charpente
Le chantier a consisté à mettre en œuvre une charpente à pannes en chêne avec assemblage tenon-mortaise reposant sur une semelle bois et à réaliser une couverture en tuiles canal dites tiges de botte, comprenant la fixation par crochet de cuivre sur une volige en sapin posée sur chevron.
14 000 tuiles « monument historique » ont été posées, elles ont été spécialement fabriquées pour La Réau par une entreprise située dans l’Allier.
Neuves, elles se patineront avec le temps, leur durée de vie est d’environ deux siècles...
Vitraux
Six des neuf vitraux anciens, dont une représentation de saint Augustin, acquis en 2021 auprès de la paroisse de Ruffec prendront place dans les fenêtres plein cintre de la nef à l’issue de la restitution de la voûte.